📜 MÉMOIRE DE LA BOCCA
Quartier au caractère unique, La Bocca s’est construite au fil des générations, entre villages, industries, commerces, bord de mer et vie populaire. Derrière ses rues, ses ateliers et ses anciennes usines, se cache une histoire riche, faite de travail, de solidarité et d’évolution.
À travers cette rubrique, notre association souhaite préserver et transmettre ce patrimoine précieux, afin que la mémoire de La Bocca ne se perde pas et continue de vivre dans le cœur de ses habitants d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
📌 1 — L’Histoire de La Bocca
Des premiers quartiers aux transformations urbaines, découvrez comment La Bocca est devenue un lieu vivant et incontournable de Cannes.
🏛️ L’Histoire de La Bocca
Des origines mystérieuses à la naissance d’un véritable quartier
Au Moyen Âge, le territoire que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de La Bocca apparaît sous diverses appellations : Arboquatz, Arbocassium, Alboccassium. L’orthographe évolue au fil des siècles :
- Au XVIIe siècle : « Laboucasse »
- En 1814 : « Laboucas »
- En 1853 : « Laboucat »
- Années 1880 : « La Bocca », forme qui s’impose définitivement.
Contrairement à une idée répandue, le nom ne signifie probablement pas « embouchure ». Les linguistes privilégient l’hypothèse d’un lieu escarpé à l’intérieur des terres, sans lien direct avec la mer. La forme moderne du mot a tellement changé qu’elle ne reflète plus son sens originel.
🌧️ Un territoire longtemps inhospitalier
Avant d’être habité, La Bocca est une zone marécageuse, traversée par plusieurs cours d’eau : la Roquebillière, la Maïre, la Frayère et la Siagne. Ces rivières sortent souvent de leur lit lors de fortes pluies, provoquant des inondations. Les archives gardent la trace de la crue meurtrière de 1882.
Ce n’est qu’au XIXe siècle, grâce à des travaux d’endiguement et de canalisation, que les terrains deviennent progressivement exploitables.
🌱 Une vocation agricole
Avant l’industrialisation, La Bocca est avant tout rurale. Les habitants développent :
- des pâturages pour bovins et ovins ;
- des cultures florales destinées aux plantes à parfum ;
- un abattoir alimentant Cannes ;
- puis jusqu’à dix-sept laiteries.
C’est un territoire de travail simple, ancré dans la terre, encore loin de devenir un faubourg industriel.
🔥 Le tournant industriel
La transformation majeure commence avec l’installation de la verrerie à la fin du XIXe siècle. Ce centre verrier attire des ouvriers, construit des logements et crée une véritable communauté. À partir de là, le paysage rural s’efface progressivement.
🚂 13 novembre 1871 : la ligne ferroviaire Cannes – La Bocca – Grasse
Quatre trains quotidiens révolutionnent la vie locale :
- 35 minutes de trajet, contre une journée en charrette ;
- transport facilité des marchandises ;
- essor spectaculaire de l’industrie florale.
Sur ce tracé, une cinquantaine d’usines traitent chaque année 45 tonnes de roses et 16 tonnes de fleurs d’oranger. Le train devient un moteur économique essentiel pour La Bocca.
🏘️ La naissance d’un quartier
Autour de la verrerie et des industries, un nouveau quartier se structure : on trace des rues, on ouvre des échoppes et des ateliers, des cafés, des ferronneries. Des écoles et une église sont construites.
La Bocca devient un faubourg vivant et convivial, où chacun se connaît. Les commerces tenus par artisans et commerçants deviennent des lieux de rencontre, au cœur de la vie sociale.
❤️ Une identité forte et durable
Ce qui n’était autrefois qu’une zone humide est devenu, en quelques décennies, un quartier vivant, fier de son histoire, façonné par le travail, la solidarité et les générations qui s’y sont succédé.
La Bocca porte ainsi une mémoire précieuse, héritée de ses habitants, de ses industries et de ses paysages transformés : une histoire que notre association s’attache aujourd’hui à préserver et à transmettre.
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🔧 L’usine à gaz de La Bocca
Aux origines de l’éclairage au gaz
Dès le XIXe siècle, la ville de Cannes se dote d’une usine à gaz pour assurer l’éclairage public et alimenter les foyers. Installée d’abord plus près du centre-ville, l’activité finit par devenir gênante : odeurs, fumées, poussières de charbon et va-et-vient incessant de charrettes chargées de combustible. Pour répondre à l’augmentation des besoins en énergie et éloigner ces nuisances, une nouvelle usine est projetée à La Bocca.
🏭 Une nouvelle usine à La Bocca
Au début du XXe siècle, la concession du gaz pour Cannes est exploitée par une compagnie spécialisée qui décide de construire une usine plus moderne dans la plaine de Saint-Cassien, à La Bocca. Cette plaine, longtemps jugée difficile à aménager en raison des risques d’inondation, offre cependant quelques parcelles jugées suffisamment stables pour accueillir une installation industrielle d’envergure.
La nouvelle usine à gaz de La Bocca entre en service dans les années 1920. Elle est implantée à proximité de la route nationale et de la voie ferrée, afin de faciliter l’arrivée du charbon et l’expédition des produits dérivés. Sur plusieurs milliers de mètres carrés se répartissent les gazomètres, les fours de distillation, les aires de stockage du charbon et du coke, les ateliers techniques et une haute cheminée qui marque le paysage.
Le principe de fonctionnement repose sur la distillation du charbon : chauffé dans des fours étanches, il produit un gaz qui est ensuite purifié, stocké dans de grands réservoirs (gazomètres), puis acheminé vers les réseaux d’éclairage et de chauffage de Cannes et de La Bocca.
la proximité de la voie ferrée et des grands axes routiers permet d’acheminer chaque année des milliers de tonnes de charbon nécessaires au fonctionnement de l’usine.
🚂 Un site au cœur de la vie industrielle boccassienne
Pendant plusieurs décennies, l’usine à gaz de La Bocca joue un rôle central dans la vie économique locale. Elle fournit du gaz à la ville de Cannes, mais aussi aux quartiers boccassiens et aux activités industrielles qui se développent alors : ateliers, petites usines, commerces.
De nombreux employés, ouvriers et techniciens travaillent sur le site. Le rythme de l’usine structure le quotidien de tout un quartier : arrivées de wagons de charbon, manutention, entretien des fours, surveillance des gazomètres… Comme pour la verrerie, une véritable communauté ouvrière se constitue autour de ces installations.
🔁 Modernisation et arrivée du gaz naturel
Après la Seconde Guerre mondiale, le réseau de distribution du gaz évolue profondément. La mise en place de gazoducs permet peu à peu de réduire le recours à la fabrication locale par distillation du charbon. Les grandes cuves de stockage visibles depuis le quartier deviennent moins indispensables, puis sont progressivement mises hors service.
Dans les années 1970, une nouvelle étape est franchie avec l’arrivée du gaz naturel à La Bocca. Le gaz n’est plus produit sur place : il est importé et distribué depuis de grands réseaux nationaux. L’ancienne usine à gaz perd alors sa raison d’être.
🧱 Fermeture et reconversion du site
L’usine à gaz de La Bocca ferme définitivement dans les années 1970. Les installations industrielles sont démantelées, les bâtiments progressivement démolis. Comme sur de nombreux anciens sites gaziers, des études de terrain et des travaux de remise en état sont entrepris afin de permettre une nouvelle utilisation des lieux.
À la place de cette emprise industrielle, le quartier se transforme : les terrains libérés accueillent de nouveaux aménagements urbains, notamment des espaces sportifs et de loisirs, tournant définitivement la page de l’ère du gaz manufacturé à La Bocca.
❤️ Une page d’histoire locale
Même si les bâtiments ont disparu, l’usine à gaz a profondément marqué la mémoire des Boccassiens. Elle a fourni de l’énergie, des emplois, mais aussi des souvenirs : fumées au-dessus des fours, odeur particulière du charbon, silhouettes des gazomètres dans le ciel du quartier…
En retraçant l’histoire de ce site et en conservant photos, témoignages et documents, notre association contribue à faire vivre la mémoire industrielle de La Bocca, indissociable de l’identité du quartier.
🏭 La Verrerie de La Bocca
La naissance du quartier de La Bocca est intimement liée à l’implantation d’une verrerie. À la fin du XVIIIᵉ siècle, la Provence orientale est une région couverte de forêts de pins. Un bois de qualité modeste, mais facile à travailler, utilisé pour la charpente, le chauffage et la fabrication du charbon.
✅ 1811 – Les origines
En 1811, Louis Barthélémy, propriétaire de forêts au pied de la Sainte-Baume, peine à écouler son bois. Inspiré par le métier de verrier présent dans la famille de son épouse, il décide d’exploiter cette ressource en créant sa première verrerie à Saint-Zacharie, dans le Var.
✅ 1840 – La Napoule
Face à l’essor de son activité, la verrerie déménage à La Napoule en 1840, avant de connaître un tournant décisif quelques années plus tard.
✅ 1857 – L’arrivée à La Bocca
En 1857, la verrerie Barthélémy s’installe définitivement à La Bocca, sur des terrains appartenant à la famille Négrin. Trois bâtiments et une haute cheminée sont construits à proximité de l’emplacement de l’église actuelle. Les ouvriers, d’abord logés dans des cabanes en bois, voient ensuite naître une véritable cité ouvrière.
artisans, forestiers, charretiers, vanniers… la verrerie entraîne la formation d’une véritable communauté.
✅ Une position stratégique
En s’installant à La Bocca, la verrerie bénéficie :
- de terrains peu coûteux,
- de matières premières abondantes,
- d’une situation presque monopolistique en Provence.
Le sable des dunes de Pierre-Longue sert à produire un verre bon marché, notamment pour les célèbres “bouteilles noires”. La verrerie fait vivre une cinquantaine de familles, et la production atteint jusqu’à 500 objets par jour.
⚠️ Le déclin
En 1867, à la mort de Joseph Barthélémy, l’activité décline. L’absence d’héritier masculin empêche juridiquement la transmission. Malgré une tentative de reprise par Paul et Louis Négrin en 1869, la concurrence d’autres usines et la situation excentrée de l’entreprise deviennent des obstacles majeurs.
Même reliée au réseau ferré — une ligne passant au cœur même de l’usine —, la verrerie ne peut plus réinvestir suffisamment pour continuer.
Le 30 juillet 1898, les fours sont définitivement éteints. La verrerie ferme ses portes.
❤️ Un héritage vivant
Plus qu’un site industriel, la verrerie a façonné une identité, une communauté et un quartier. Elle marque le véritable point de départ de La Bocca moderne, laissant une empreinte durable dans la mémoire de ses habitants.
Photos d’époque – Verrerie de La Bocca